Gratuit !
« A toute chose, malheur est bon » dit le dicton. Et si la crise financière était une bonne chose ? (bien sûr, il y a ceux qui en souffrent vraiment et c’est un drame qui nous concerne tous …) Cela ne m’empêche pas de penser que notre société est devenue championne des comptes. « Ce qui se compte n’est-il pas plus important que ce qui compte ? » L’argent, la bourse, la propriété, « c’est à moi » et surtout l’opinion que j’ai de la valeur de l’argent, voilà les valeurs de la crise.
« Saint-quantifiable » est le saint préféré de notre monde : une émission de télévision n’est évidemment bonne qu’avec un solide audimat ; un livre n’est intelligent qu’à partir de 300 000 exemplaires vendus ; un enfant n’est rentable que s’il a de bonnes notes ; un ouvrier n’est excellent que s’il fait 10 pièces de plus que les autres ; un 4X4 en centre ville est performant car il met mon ego un mètre plus haut que les petites voitures … Et on pourrait multiplier les exemples …
Or ces valeurs arithmétiques nous ont fait oublier que la gratuité d’un service, le don de son temps et de son argent, la vérité plutôt que la tricherie (les Français champion d’Europe du vol dans les grands magasins !), la loyauté plutôt que le mensonge sont des valeurs beaucoup plus utiles à la qualité de notre vie que les autres. Elles sont ce qui aide à être bien dans ses chaussons, équilibrés et heureux.
Merci madame la crise de nous rappeler qu’un service rendu ne se monnaye pas, qu’un 15 en maths ne mérite qu’un « c’est bien, je t’aime » et non une pièce, comme s’il fallait payer et supplier son enfant de réussir son avenir.
« La gratuité n’est pas une gentillesse surajoutée, elle est une dimension nécessaire » quasi évangélique du vivre ensemble et combien sortirait de cette crise grâce à nos comportements plus gratuits.
Et Noël qui approche n’est-il pas la fête de l’amour gratuit d’un Dieu qui se donne ? Quant aux cadeaux donnés à l’avance, vous vous doutez de ce que j’en pense !